14 avril 2010
Philosophie nocturne
Nuit noire. Fièvre chaleur. Les plis des draps fripés font des sillons douloureux sur les membres et tout le corps. Les quintes de toux incendient la poitrine. Impossible de se trouver une position reposante. Dans le lointain fiévreux, la radio régurgite des mots sans suite. Voix féminines semble-t-il, pour le moment. La sueur coule comme larmes le long des paupières. L'oreille gauche posée sur l'oreiller est brûlante et le côté gauche du corps endolori. Jambes repliées, bras cachés sous l'oreiller. Frissons et fièvre. Changer de position, pour trouver le nid et le repos. Mais avant, soif à étancher. Se lever, le froid tombe d'un coup sur les épaules. Tremblement pendant le trajet jusqu'à la cuisine. Bouteille d'eau. Une ou deux goulées. Bref apaisement par la fraicheur dans le gosier. Bouteille posée sur la table de nuit. Tremblements de froid, à nouveau. La sueur à peine épongée, tirer les draps, retaper les oreillers. Froid et tremblements encore. Glissement dans les draps, allongement sur l'autre côté, oreille droite sur l'oreiller refroidi. Cette fois les jambes restent étendues, un peu endolories. La radio, les dames de la nuit, évoquent semble-t-il Socrate et Platon. Toux rauque, picotements puis brûlures dans la gorge. Poitrine oppressée. Platon était-il l'écrivain et Socrate le philosophe ? Les voix se mêlent et semblent vouloir s'expliquer. Bourdonnement dans le crâne. Fièvre. Transpiration à nouveau. Ces foutus draps semblent ne pas vouloir s'enrouler autour du corps. Recherche d'une nouvelle chaleur corporelle. Qu'avait à voir Socrate avec Phidias ? Quelle heure est-il ? Très nuit, sûrement. Mais non, Platon était aussi philosophe. Le corps se détend un peu. L'oreille droite commence à chauffer. Les membres s'appesantissent. Chaleur, corps alourdi. Cette fois les paupières se ferment, malgré les larmes de transpiration. La toux s'est calmée, la poitrine et la gorge apaisées. Répit. Socrate n'est plus qu'un son au fond d'une radio. Dormir enfin.
10:19 Publié dans Histoires sans histoire | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : vive la vie, littérature, écriture, blog, *de tout et de rien*